A ma grand mère...

jeudi 28 juillet 2011

Même pas Cap'''

Même pas cap’’’

JEUDI 28 juillet,

Après avoir déclaré que le beau temps était de retour…., L’onde programmée arrive, comme dirait Jade
« Maman arrêtes de nous dire l’inverse de  ce qu’il va se passer dans une heure ! », parait que j’ai le chic pour annoncer les choses.
Vite il a fallu tout ramasser en vitesse, une onde c’est une tornade mais en moins violent, aussi soudain, avec orages et gros grains.
Signe imparable et oh combien annonciateur, Betty la queue entre les pattes a pointé le bout de son nez dans mes pieds, « au secours, ça va tonner ».
En voilà une qui ne risque pas d’aller à la chasse avec son maître…
Il tonne, il tombe des cordes, et la citerne déborde.

Vite chercher Jade qui je l’espère sera rentrée à la base de surf avec ses copains, car sur le spot c’est impressionnant, le grain est sur vous, et on y voit plus rien.
L’autre jour, elle a perdu le sens de l’orientation et s’est retrouvée sur le chenal de déferlement des vagues, avec le risque de prendre une planche dans la tête.
C’est d’ailleurs ce qui est arrivé, une planche, un aileron, un œuf.


Au menu du jour :

Tartelettes maison à ma façon :

Pâte brisée, env 250grs, pour 6 tartelettes

Précuire les fonds au four à 200°
Préparer au blender une base de tomates fraiches, ail, oignons, basilic, sel poivre, pour ne pas qu’elle soit trop liquide, ajouter du concentré de tomates.
Mettre en couche épaisse sur les tartelettes cuites,
Y poser un « palet de chèvre crèmeux » de Président, partagé en deux
La croute côté tomates
Sur le crèmeux y déposer des olives noires coupées en morceaux

Passer au four très chaud, le temps que le chèvre fonde et croustille
Servir avec une salade et roquette du jardin, vinaigre balsamique et huile d’olive

Gambas sauvages, mayonnaise au citron

Clafoutis aux prunes jaunes et mûres, pour le quatre heure….


Même pas Cap''' 

J ai 9ans, des pataugas, et des tâches de rousseur. C’est pas pour rien que toute la journée on me surnomme « fifi brindacier » ou « poil de carottes » ou encore «  la passoire »…
 Mais ce soir,  tout ce qui m’importe c’est de rentrer chez moi en vitesse, pas de détour par les ruelles menant au port, je file droit, je veux rentrer chez moi.
Malgré des heures de travail à la maison, j’ai encore pris des coups de baguettes sur mes phalanges, cette sacrée bonne sœur ne  me laisse rien passer, quand on vise le diplôme d’honneur au Concours Général de Piano, les seules récompenses sont la baguette et le bout de papier décoré de lettres dorées.

Et moi crâneuse, je ne montre rien, je serre les dents, sûre que le 24 juin prochain, jour de la ST JEAN, je lui mettrai sous le nez, son bout de papier à lettres dorées.

J’ai laissé mon frère ainé avec ses copains, et le plus jeune à la garderie des sœurs.
Mes Pataugas sont un peu grandes, ça fait plus garçon, et me donnent le sentiment de paraitre plus âgée, d’ailleurs tous les garçons de ma classe le savent, faut pas s’y frotter, j’ai pas peur de cogner. Le dernier qui a voulu tricher et me voler mes billes, s’en souvient, je l’ai fritté, et il s’est mis à saigner derrière la tête, il m’a menacée de tout dire à ses parents, mais moi à sa place, je la bouclerai, il  va passer pour la chochotte de l’école, et là je suis très forte pour faire regretter le moindre moment de faiblesse à tous ces minots qui se prennent pour des durs.
J’aurai tellement voulu être un garçon, les filles c’est bête et trop gnangnan
.
Je suis presque arrivée, la marée est basse, et les bateaux sont couchés sur leur flan.
Je laisse la Gare sur ma gauche, je passe devant la pharmacie, et je pousse la porte d’entrée en fonte, celle là même qui m’écrasa le pouce le jour de mes 3ans, et je monte les marches en courant pour rejoindre ma chambre, ma sœur n’est pas dans les parages, ça tombe bien.
Personne en vue, c’est encore l’heure où les épouses font leurs courses pour le repas du soir, ma mère découpe, pèse, emballe pâtés et  jambon, pour ces dames.
 Mon père ne devrait plus tarder à achever sa journée, les employés ont désertés les laboratoires à l’arrière de la Charcuterie.
Je m’active à trouver un cahier, et je commence à griffonner.
…….
A la suite du décès du président Georges Pompidou, atteint de la maladie de Waldenström, le 2 avril 1974, une élection présidentielle anticipée était devenue nécessaire.
……..
 L’heure du dîner approche, c’est toujours pour moi un moment de grand bonheur, le temps où tout le monde se retrouve à table, se pose après une journée de dure labeur.
Je prends ma place quelques minutes plus tard, à la droite de mon père qui préside immuablement la tablée, en face de ma sœur, l’ainée de  quatre enfants, à gauche de ma mère, viendront à côté d’elle mon petit frère de 6ans, et «  la jeune fille à tout faire » comme je l’appelle. Mon frère, le deuxième, selon son humeur est mêlé aux employés ce qui complète l’assemblée.
Papa sort son couteau d’acier de la poche droite de son pantalon, celui qui fait tout, tire bouchon et le reste.
Maman me remet sur les genoux la serviette que j’ai déjà fait tomber 3 fois, je n’ai pas le droit de parler, je le sais, mais pourtant papa, si tu savais, je voudrais tellement que tu m’écoutes….

-« Miss Cathy » tu as fini tes devoirs ????
-« Oui mais Papa, parles moi de ce Président qui va mourir, que se passera t-il après quand il sera enterré ?
-« Comment tu sais ça toi ? ça t’intéresse la politique ?
-« enfin oui un peu, mais comment on fait pour choisir un Président et…?
Je n’avais pas terminé ma phrase, que mon frère ainé a toujours vouloir me contredire dit :
-« il faut toujours qu’elle fasse sa maligne et son intéressante celle là ! »
« -tu sais ce qu’elle te dit l’intéressante ? »

Et Vlam, une tape sur la joue de ma mère pour me faire baisser d’un ton, au bord des larmes après une journée d’école et de cours de piano plutôt musclés, devant tant d’incompréhension générale, je jetai ma serviette et vociférai à tous qui voulaient m’entendre :
-« De toute façon, vous verrez bien de quoi je suis capable, c’est toujours pareil avec vous, jamais personne ne me prends au sérieux ! »

Et je pars en courant avant de prendre une deuxième taloche de la droite.
Arrivée sur mon lit, je prends mon cahier et mon stylo.
Je me couche avant tout le monde, et je fais celle qui dort lorsque le parfum de ma mère frôle ma joue, elle me borde à son habitude, geste instinctif d’une maman, même que les draps sont trop serrés, et moi, j’aime pas quand les draps sont trop serrés…

Ouf, enfin ma sœur s’est couchée, mais qu’est ce qu’elle avait à la fin à trainer pour lire ses magazines de midinettes. Son MIKE BRANT et sa voix mielleuse, dès qu’elle l’entend à la radio on dirait qu’un ange passe…

Bon, tout le monde semble s’être couché, cette fois ci je peux y aller…en chemise de nuit, j’ouvre doucement la fenêtre donnant sur le balcon surplombant le laboratoire. Mon cœur bat à toute allure, j’attrape mon cahier et mon crayon.
Passer pardessus la rambarde, poser les pieds sur les tuiles de fibre de verre, et faire le tour du toit, arriver aux fenêtres qui donnent sur les chambres des commis. Pas de lumière. J’arrive sur l’arrête du toit, faire très attention car en bas c’est le vide, et le toit n’est pas solide, papa me l’a répétée des dizaines de fois.

Je me cale contre le mur de l’annexe des commis, une jambe dans le vide, et je regarde les étoiles, le ciel est clair ce soir, l’été approche, peut être que je passerai l’été à venir à la TINGERE chez mon grand père Gabriel et mamy Jeanne, avec mon cousin, j’aime bien mon cousin, il a traversé les océans, tonton c’est mon parrain et il me rapporte toujours une jolie pierre quand il revient de ses voyages, tante, elle, elle est spéciale, Frédo il ne rigole pas toujours lui, mais on s’amuse bien quand même.


 Mais ce soir, rien n’est comme d’habitude, une boule me serre dans le ventre, j’ai un mauvais pressentiment.
Bon il fait frais, je décide de rentrer me coucher, demain papa m’aura pardonné .Il faut que j’écoute la radio, le Président est mort.

Le 14 mai  fête des MATTHIAS, une activité peu ordinaire pour une fin de nuit, me fit lever du lit, il était fort tôt, mon père qui se levait d’ordinaire à 5h du matin était déjà dans la salle de bains, et maman faisait la chambre, dans l’entrebâillement de la porte, j’ai bien vu qu’elle avait les yeux rougis et même qu’elle se mouchait.
De peur de déranger, je me suis remise au lit. Ma boule au ventre était revenue.

Plus tard dans la matinée, on m’apprit que mon grand père était à l’hôpital, dans «  un sale état », tombé avec sa mobylette dans un des  fossés du Clion, en rentrant du travail.

Il travaillait sur les chantiers de Nantes mon grand père, il était bourru, mais moi j’étais sa préférée, il me donnait toujours un petit verre de crème de cassis de plus qu’à mon frère, ma sœur et mes cousins de St Michel chef chef. Et puis j’aimais aller à la chasse avec lui, Frèdo et mes tontons, même si maman disait toujours que ce n’était pas la place d’une fille.

Alors ma boule au ventre prit la forme d’un visage, et j’ai eu peur de la mort. Je n’avais jamais vu encore un vrai mort. Mais maman pleurait tellement, et puis elle guettait toujours le téléphone dès qu’elle revenait à la maison, faut dire qu’ils attendaient tous que tonton revienne d’une île près de l’Afrique.
Et tonton est revenu.


L’élection présidentielle  se tint les 5 et 19 mai 1974
 Ce scrutin, qui marqua le reflux du Gaullisme allait se conclure par l’investiture du plus jeune président de la Vème République, qui cultivait une image de modernité et de jeunesse : Valéry Giscard d’Estaing .Le second tour, qui l’opposa au candidat de l’Union de la gauche, François Mitterand, fut le plus serré de l’histoire de la Vème République, la victoire n’étant finalement assurée à Valéry Giscard d’Estaing que par 425 000 d’avance.
Cette élection fut aussi celle d’un autre record : celui de la participation électorale.
Avec 87,33% de participation au second tour, ce fut le plus faible taux d’abstention de toute l’histoire du suffrage universel en France.

Mon grand père était beau dans son costume du Dimanche.
Pour la première fois de ma courte  vie, je comprenais ce que voulait dire « mettre le corps en bière », inhumation, et deuil.
Mamy était toute en noir, au premier rang de l’église, maman lui tenait le bras.
Toutes mes tantes pleuraient, et moi je me disais que si on faisait pêter des pêtards  avec Frèdo pendant la messe, et bien papy se relèverait de son cercueil. Mais quand même, il est bien mort papy, il faut que je m’y fasse.

Mes parents ont parlé d’aller voter à la mairie, qu’il fallait bien le faire. Je donnerai la main à papa et c’est moi qui mettrai le petit papier dans l’enveloppe et la boite en verre. Là quand j’entendrai, ROLAND CAILLAUD a voté, je serai fière d’être sa miss Cathy.
En fait, ce fût le meilleur moment de la journée, même si les cousins étaient tous là, on ne peut pas dire que l’ambiance était à faire la fête.
On est tous rentrés à la maison, et j’ai repris mon cahier.

Trois semaines plus tard, le soleil brillait, tout sentait l’été, les queues de voiture sur la route s’allongeaient, bientôt sans discontinuer elles se toucheraient de pare-choc en pare-choc depuis la route bleue jusqu'au Château.
Papa dira : «  les doryphores sont de retour ! » on peut sortir la grande rôtissoire »

Je rentrais de l’école, un de mes derniers jours de cette année scolaire, et en passant je me suis arrêtée à la Pâtisserie du quai, voir si les Kouign aman étaient exposés dans la vitrine. Je me dis alors, que si tout allait bien, je pourrais demander à maman qu’elle m’en achète un. C’était mon dessert préféré peut m’importait à mon âge d’avaler 448 kcal en 5 minutes !

Je rentrais donc la fleur au fusil, pleine d’espoir et d’odeur alléchée, à peine franchi le seuil de la porte du magasin que maman me regardait interloquée, le facteur a ses côtés.
-« Mademoiselle Catherine Caillaud c’est bien toi ? »
-«  oui c’est moi »
-« du courrier pour toi »
-« merciiiiiiii »
Je jetai mon cartable parterre, au diable les remontrances de ma mère, et j’ouvris cette enveloppe, dorée sur les 4 côtés, sans timbre, juste un tampon très joli, marqué «  République Française ».
J’ouvris délicatement, une fois n’est pas coutume, et dépliai cette lettre de papier classieux :
          
Palais de l’Elysée
55, rue du Faubourg Saint-Honoré
75008 Paris
                                                                                     Paris, le 20 juin 1974


Mademoiselle,

C’est avec beaucoup d’attention que j’ai lu votre courrier, je vous en remercie vivement.
Vos vœux semble- il à l’issue de ces dernières élections, se sont exaucés, me voici en effet, Président de la République Française.
Je vous remercie ainsi que tous les membres de votre famille du soutien que vous m’avez apporté, en espérant être à la hauteur de la tâche qui m’incombe.



Votre Président,
Valéry Giscard D’Estaing


En hurlant de joie, je me précipitai dans les bras de ma mère et de mon père, et montrait à qui voulait la voir et la lire,  la lettre de mon Président.
Et j’entendis mon frère :

« ben comme d’habitude, elle fait sa crâneuse ! »

Demain, je passerai mon concours de Piano au Château des Ducs de Bretagne, et je reviendrai fière de ma Mention Très Bien.






Ps : cette fameuse lettre fût perdue dans les déménagements qui s’en suivirent quelques années plus tard…

mercredi 27 juillet 2011

Face à la vie




MERCREDI 27-07

Onde annoncée, pour la 3ème fois cette semaine nous sommes en vigilance jaune, la dernière a donné naissance à la tempête DON dans le golf du Mexique.
Nine est au Surf, soleil, grains, tout va bien, elle n’a plus peur

Céléri rémoulade, saucisson ibérique
Côte de Bœuf barbecue, purée de brocolis et haricots verts au parmesan
Prunes jaunes


FACE à LA VIE…

« Le onze janvier mille neuf cent quatre vingt dix neuf à treize heures trente trois minutes est née, à Béziers, Hérault, Centre hospitalier, Jade Catherine, Béatrice du sexe féminin, de Robert François Assémat, né à Béziers, le 15 mai 1945,et de Catherine Madeleine Caillaud, née à Nantes, le 13 septembre 1965, qui l’ont reconnue en  notre mairie le 02 octobre 1998 suivant reconnaissance anticipée n°727.
Dressé le 12 janvier 1999 à 17heures 02 minutes sur la déclaration du père, qui, lecture faite et invité à lire l’acte a signé avec nous, Florence Liranzano, officier de l’Etat civil par délégation du Maire de Béziers. »

Nous sommes un lundi, il fait froid dehors, depuis 3 jours et quelques heures j’arpente, j’attends, je m’impatiente, j’ai peur.
Après 2 nuits et 3 jours passées à son chevet, à la rassurer, je suis rentré, lessivé, à bout de forces d’impuissance, pour être réveillé à 7h ce matin, mon dieu elle serait déjà morte de ses couches, au siècle dernier, tant de souffrances, c’est inimaginable, impensable, mon petit soldat, torturé de douleur.
Et je la laisse encore, pour suivre cette femme qui vient de recueillir mon enfant, cyanosée.
 Le rituel de l’enfant né posé sur le ventre de sa mère n’a même pas été envisagé, tant l’urgence de la situation a mis sa chape de plomb sur cette salle blanche dont les rideaux sont fermés.

L’obstétricienne et les sages femmes, quelque peu dépassées par les évènements s’affairent, sans doute aurait il mieux valu une césarienne…
De l’oxygène, vite…

C’est donc  moi qui le premier est chargé d’insuffler à ce petit être tout l’amour et l’espoir que nous lui portons .
Je ne peux y croire encore, elle n’a pas crié, pas pleuré, je n’ose penser au pire et pourtant le hurlement de sa mère une fois délivrée, voyant son enfant lui être retiré sans avoir poussé son cri de vie tant attendu, raisonne encore.
 Non, elle vivra,
 Notre fille vivra.

Me vient alors tout en couvant du regard ce petit bout de 50cms pour 3kgs520, de vagues souvenirs lointains, de ma propre enfance…
Toi qui me regardes pour la première fois de tes yeux bleus, tu ne ressembles encore à personne, tant tu as souffert pour venir au monde, ma première impression serait de dire que tu n’es pas jolie, même un peu laide.
Qu’importe tu portes en toi la vie.
 De ton père, de ta mère, tu auras la force et le caractère d’une vie peu banale, sois en sûre…























En 1886,
Jules Clément Robert nait à Béziers, fils de:
 Justin Robert (1861-1950)compositeur, éditeur de musique et entrepreneur de spectacles,
 Et Françoise Carrière "Doux souvenirs, mazurka de salon pour piano dédiée à ma fiancée mademoiselle Françoise Carrière "

Clément fait ses études à Paris au lycée Janson de Sailly, à l’école de musique NIEDERMERYER, puis au conservatoire avec ALBERT LAVIGNAC et GEORGES CAUSSADE.Il compose une quinzaine d’œuvres de 1906 à 1912 et abandonne la musique pour une femme, ma grand-mère, Eugénie Vidal la fille du régisseur du grand Domaine de la Trésorière à Maureilhan, qu’ils rachèteront ensemble une fois mariés.
Il se fâche avec son père pour lequel cette union était inconcevable et ne lui parlera plus jamais.

( Extrait de : MUSIC IN REVIEW, CANTORI NEW YORK, NEW YORK TIMES :Le 18 mai 2002, en première mondiale à Manhattan, le chef d’orchestre Mark Shapiro dirige «  Ondine » de Clément Robert mon Grand père.)

Ami personnel  d'André Citroën, il devient son collaborateur et crée à Béziers une entreprise d'automobiles et transports en commun.
Son frère, Aimé Robert (né à Béziers en 1891, mort en 1984) suit ses études classiques à Béziers, apprend le piano d'abord auprès de sa mère (qui fût l'élève de HENRI, lui même disciple de CHOPIN). Il commence une carrière de pianiste concertiste et de musicien de chambre qu'il abandonne ensuite pour se consacrer à la maison Citroën à partir de 1920.
Au décès de son père, il revient à Béziers et reprend le magasin de musique jusqu'en 1960.

Clément est làs des querelles incessantes avec Eugénie.

Depuis la mort de son ami, il n'est plus le même, trainant un état second de lassitude.
Malgré ses nombreuses qualités, le goût pour la démesure d'André Citroën et l'expansion trop rapide de sa firme ont mené la société  Citroën à la liquidation judiciaire, puis sa reprise par Michelin pour éviter la faillite.

Clément ne s'en remet pas, Eugénie devenue une femme d'affaires puissante, respectée de toute la bourgeoisie biterroise, n'entend pas s'arrêter en si bon chemin, elle en veut à son mari d'être faible et de tergiverser sans cesse entre un monde de richesse et de pouvoir qu'est le leur, et ses mélodies idiotes qu'elle désigne monde infantile.
Elle en oublie son mari, qui s'est fâché avec sa famille pour elle, et sa musique  qu'elle redoute comme une maîtresse, rivale impalpable et sans visage.
Leur famille n'est plus qu'illusion, leur fils Jean, pilote de chasse, vénéré par sa mère, a disparu à la guerre, et leur fille, Colette, délaissée par Eugénie, ne pense qu'à courir les beaux partis de la ville dans son cabriolet.
Ah, elle a belle allure, c'est vrai, et semble faire payer à sa mère au prix fort l'indifférence maternelle.
Comble de l'humiliation, Eugénie demande le divorce.
Il faut dire que les rumeurs enflent sur ses écarts conjugaux.
Alors un matin, Clément se chausse, traversent les longs couloirs de la propriété du Domaine, pour lequel seul semble battre le coeur de son épouse, le Domaine de la TRESORIERE.

Fille du régisseur de la propriété, elle n'avait eut de cesse toutes ces années à gravir l'échelle sociale et devenir un jour celle qu'elle avait toujours convoité d'être, la maîtresse de ces lieux ancestraux, avec leurs fontaines, leurs hectares de vignobles, et ce passé si prestigieux, demeure des Comtes de Béziers.

Pour Clément, s'en est trop, seul, rejeté de sa femme et de sa fille, son fils perdu, disparu à jamais, son ami parti lui aussi....lui revient alors en mémoire, le discours prononcé par André en 1921, aux fêtes qu'il donna à l'occasion du Salon de l'Automobile...et les quelques mots que lui même lui rendit en mémoire de leurs liens amicaux.
archives " Citroën André et Clément Robert, par Mr Bardel"


 








Les hôtels particuliers, les concessions, les bijoux, les fastes, le train de vie si chèrement gagné, ne compte plus, ne l'intérresse plus.
Il ne se retrouve plus dans cette vie mondaine, loin de ses quartets, sonates, balades, d'ailleurs il ne compose plus depuis longtemps, sans doute est ce bien là son drame.
Tout va trop vite, cette guerre meurtrière, les chevaux sont sous des capôts de tôle et de moins en moins sur les chemins. L'industrialisation a fait perdre aux matins enchanteurs toute la poésie qu'il aimait de la vie.
Du bruit, toujours plus de bruit, ces moteurs qui pétaradent pour aller s'enquérir de toujours plus de pouvoir, jusqu'où ira ce monde qui tourne trop vite et guère plus rond?

Il passa les fontaines, les jardins, et la grande porte, pris le chemin dans la direction des bois de la colline, là où passent bien au dessus des vignes, ce tout nouveau réseau électrique à haute tension qui alimente les villages voisins.
Il se retourna une dernière fois et posa son regard vers la Trésorière endormie, acquisition, fruit de tant d'ambition et de fierté pour celle qui est encore sa femme.
Il gravit tant bien que mal, le poteau metallique, et attendit la décharge mortelle.

Clément s'est donné la mort par électrocution en novembre 1941.

Eugénie veuve, fit face à sa fille Colette, unique héritière.
Une des plus longues et plus coûteuse succession de la région héraultaise débuta alors.

N'eut point lieu de matricide, mais une guerre sans merci, avec pour seuls moteurs l'argent et l'indifférence.
L'argent, car Eugénie était riche à milliard, et par voie de fait, Colette aussi.
L'indifférence, car tout à son drame d'avoir perdu son fils adoré à la guerre, elle en a ignoré sa fille, rendue coupable à ses yeux et dans son coeur à jamais fermé, d'être vivante, elle.
Sentiment implacable, qu'est l'indifférence, si bien que Colette en a fait son choix de vie, séduisant maris et bons partis, et ignorant ses enfants à son tour.

Colette Robert et son 2ème mari, PAUL
Destin d'hommes et de femmes.....

Je  n'ai pu malheureusement y inclure tous les documents retrouvés, vidéo d' André Ctroën , extraits et liens par lesquels j'ai pu recueillir tous ces témoignages,  si l'un de vous peut me donner la solution, je la prends volontiers! Merci à tous


lundi 25 juillet 2011

le mouton et le petit garçon

Novembre 1980
Lundi 25 juillet
C’est un jour très spécial, celui d’un anniversaire, c’est aussi l’histoire d’un mouton et d’un petit garçon
Dans la chambre du haut, sous les combles d’une grande maison aux hauts plafonds, une future maman s’affaire..
Il faut repeindre, habiller les fenêtres donnant sur les toits mais surtout faire les valises pour chaque participant d’une aventure toujours très incertaine qu’est une famille recomposée.
Le 9ème de cette tribu devrait pointer le bout de son nez en juillet, le temps de planifier un été qui ne ressemblera pas aux autres et surtout
Trouver du  temps pour ce petit bout tout innocent.
Le berceau en rotin a trouvé sa place dans la chambre parentale, le trousseau n’est pas tout à fait prêt, et pourtant elle sent bien qu’il faut se presser, juste arriver à tout organiser, pour la délivrance et retrouver un peu de paix sur la terre de son enfance, le temps d’un voyage qui promet d’être des plus fatigants, la chaleur, l’épuisement de ces nuits écourtées de fin de grossesse , la tension des mois écoulés…la délivrance…
Sous le soleil de la Côte de Jade est né un 25 juillet le dernier de la fratrie.
On est venu me chercher pour lui faire mon premier baiser, je suis arrivée charger d’une peluche repérée au rayon jouets des galeries de Nantes. Les bébés adorent les peluches, c’est tout doux une peluche, doux comme le regard d’un papa et d’une maman qui se pose sur leur enfant venant de naitre, mesurant tout le chemin parcouru.
Une peluche adorée connait les privilèges de la cour d’un Roi, premier cercle bien en évidence dans le couffin, elle fait partie de tous les instants, elle est sur toute les photos, et surtout privilège sacré, elle reste pour l’éternité le coffre fort sensoriel de toute émanation volatile venant  du nouveau né.
Au fil du temps, elle devient compagnon du tout mignon qui grandit.
Fût désigné comme reine des peluches « Mouton » !
Bébé et son mouton et autres valets…sont revenus de l’été breton, pour élire nouvellement domicile dans les montagnes paternelles.
La famille à nouveau recomposée est toute chamboulée de se retrouver pour une rentrée faite de cris de bébé, le jour, la nuit, mais par chance ce dernier ne fait qu’admiration et malgré quelques réticences égoïstes, finit par rallier 8paires d’yeux autour de lui.
La chambre du haut est maintenant sienne depuis que bébé a grandit, un doux papier aux couleurs pastelles habillent ses murs vieillis, racontant l’histoire de Marie Antoinette entourés de ses moutons, il ne pouvait donc en être autrement d’un destin choisi d’une peluche adorée.
C’est bien « le divin enfant » et son  mouton qu’il traine derrière lui sans cesse, il n’y en aura pas deux, aussi lui manquera un œil puis deux, mais que l’on recoudra.
Maintes fois lavé, essoré, étiré, compagnon des jours et des nuits, des pleurs et des rires, il restera son ami,
Pour preuve sa place aujourd’hui, à 31 ans sonnés, il trône tout en haut d’un placard mais jamais ignoré !
Juillet 1980

1981, les photos sont "Blingee" par la nièce du petit garçon...

Dimanche 24.07
Le soleil est de retour, la mer moutonne, les voiles de kite et autre embarcation sillonnent la mer couleur turquoise.
Déjeuner dans un des endroits les plus beaux de l’île, plage totalement réservée à la clientèle, ce qui en fait un endroit romantique et protégé à souhait.
C’est une pause sereine, et  nous sommes à peine distraits par le ballet des compagnies aériennes posant leurs lots de touristes du dimanche, au moins ceux de cette semaine auront un peu de beau temps.
Seuls le blanc des murs, des chaises longues, des nappes, et le bleu turquoise de la mer Caraïbe dominent.Magique !
Mojito du Dimanche…
Espadon mariné au citron, grillé
Assiettes de Nems
Et la bizarrerie américaine du jour : carpaccio de fraise et ananas
A la vue de la mine dépitée de mon assemblée, une fois n’est pas coutume, un bon repas sans un bon dessert n’est pas parfait.
Rien d’un carpaccio, une boule de glace dont seuls les anglophones ont le secret, sans aucun goût, sinon à une  savonnette des plus médiocres.
Alors au plus vite, pour ne pas rompre ce moment de douceur propice à mon imagination, nous rentrons.
A mes casseroles, mon meilleur ami Cooki ( mon super robot à tout faire) et ma plume virtuelle.

Petite précision : je suis « salé » et non pas « sucré »
Afin de remonter le moral des troupes après ce naufrage »fraisien »
Je soumets :

Smoothie aux prunes :
Couper les prunes en petits morceaux
Au blender y ajouter du sucre
Un peu de crème fraiche
Et beaucoup de glaçons
Mixer, servir dans de grands verres
Le reste des prunes(300gr) fera un très bon clafoutis :
Blender :
3 œufs, 700g de sucre, 70 g de farine,300ml de lait,1/2cc d’extrait de vanille, une pincée de sel,1/2 cc de levure chimique, 50ml de crème fraiche
Cela me fait 4 jolies cassolettes

Et crème au chocolat
Les desserts feront notre repas du soir….


dimanche 24 juillet 2011

"Les petits bouts", un Mariage éxotique

Mes grands parents




De mon enfance restent les mercredis après midi passés dans le « Laboratoire de mon père » où la fratrie se rassemblait pour la préparation des jambons, rillettes, saucissons, pâtés…les murs suintaient le saindoux, les sols à petits carreaux blancs rompus sous le poids des hommes et leurs marmites que seules 4 mains pouvaient porter, m’accueillaient pour un moment délicieux à mes yeux, récupérer chaque « petit bout »gratté de l’os, son odeur grasse et son aspect gluant  restera à jamais graver dans ma mémoire. Ce geste mille fois répété que celui de mon père, de mon grand père, de mon oncle,  gratter l’os cuit des heures dans une marmitte aussi haute que moi fillette de 6ans, rassembler tous les « petits bouts », les déposer dans de fins boyaux, et les mettre à sécher, puis le moment venu en faire exposition.

Sxm,Samedi 23 juillet
De gros grains à l’horizon, une onde annoncée, la roquette a roussi, les feuilles des courgettes se sont trouées.


Risotto aux Gambas sauce piquante à ma façon :
Basilic, poivre, sel, ail, oignon, tomates, piment vert, romarin, thym citronné, huile d’olive
Mixer le tout, cuire à feu vif
Y faire revenir les gambas
Ajouter la tomate en purée
Jeter le riz, le couvrir d’eau
Cuire à feu doux 40mns

Du RIZ, la liaison est facile….
Quelque part dans une contrée encore sauvage, du nom d’AUBRAC, Monsieur le Maire du village a marié son dernier fils, ambiance mélodramatique pour ce jour attendu et préparé toute cette année passée, Le futur marié est tombé de 6m de haut 2 jours auparavant, d’où une forte et douloureuse gêne le jour venu pour accomplir son dessein choisi, prononcer ce mot de 3 lettres si court et pourtant si « capital »pour cette jeune épouse qui se présente venue d’une contrée si lointaine par le ventre de sa mère….Japon…quelle drôle d’idée…ce fils dont les ancêtres reposent sur cette terre verte de pâturages et peuplé essentiellement de quadrupèdes roux, cornés de trophées. Bigre, des kimonos de toutes les couleurs sur la place du village font face  ou font mine de s’unir à ces parisiens en chapeautés quelque peu guindés mais sans plus, on est à la campagne, mais les talons hauts et les robes décolletées sont de sortie, bien qu’il est fallu les recouvrir après maintes prières pour une météo plus clémente.
C’est un beau mariage à la campagne, cela fait très chic à Paris, unissant la réalité de notre temps, le paradoxe des genres et des cultures.
Les Seychelles, séjour incontournable et so romantic, sera pour une autre fois lorsque la cervicale et le bras cassés seront remis de leurs émotions fortes.
Tous nos Voeux de Bonheur et de longévité,
Amen, アーメン
Si, si, j’ai vérifié, Amen en Japonais.